- TURQUES (POPULATIONS)
- TURQUES (POPULATIONS)TURQUES POPULATIONSLes Turcs de Thrace et d’Anatolie appartiennent en général au type alpin avec quelques traits dinariques comme leurs voisins des Balkans; néanmoins, la croyance que les Turcs de Turquie viennent de l’Asie centrale est loin d’être oubliée en Turquie. Cela crée des problèmes chez les Turcs qui ne se sentent pas totalement indigènes en Turquie, et qui, dans les États voisins balkaniques, ne peuvent dépasser la confusion entre minorités turques et minorités musulmanes.Il est vrai que les Turcs se sont installés depuis le XVe siècle dans tous les pays occupés par les armées ottomanes, en Asie occidentale, en Afrique du Nord et dans toute la péninsule balkanique. Si la multiple provenance ethnique des Turcs n’a pas posé de problème dans les pays déjà islamisés d’Asie et d’Afrique, elle en posa en revanche dans les pays chrétiens des Balkans, où les populations islamisées voulurent être confondues avec les Turcs au moment de la dissolution de l’Empire parce qu’elles se sentaient elles-mêmes comme turques. Mais cette conviction était religieuse alors que les considérations des autorités étatiques balkaniques qui acceptaient cette désignation étaient et sont d’ordre national.Dans les Balkans, en dehors des anciens groupements préottomans de la Bulgarie orientale de la région du Deli-Orman, la population turque, probablement des Anatoliens islamisés, s’est installée en Thrace, dans la région de la Macédoine comprise entre Ostrovo et Kaïlar. En dehors de ces émigrations massives survenues probablement au cours des trois premiers siècles du pouvoir ottoman (XVe, XVIe et XVIIe s.), les Turcs, ou Anatoliens et Balkaniques islamisés, se dispersèrent dans toute la péninsule. Ils formèrent la majorité de la population dans nombre de villes, particulièrement sur la plate-forme du Danube inférieur, dans le bassin de la Maritza ainsi que dans la région moravo-vardarienne.À la fin du XVIIe siècle et au cours du XVIIIe siècle commença un mouvement en sens inverse, du nord vers le sud. Après la perte de la Hongrie, les Turcs de cette contrée se retirèrent en Bosnie et en Serbie. La Serbie devenue indépendante, les Turcs émigrèrent en Bosnie, dans les villes de la vieille Serbie, en Macédoine. Les Turcs partis de Belgrade formèrent dans les environs de Constantinople un village du même nom. À la suite de l’occupation de la Bosnie-Herzégovine par l’Autriche-Hongrie, une partie des musulmans serbophones de cette contrée s’installa dans les parties centrales de la péninsule mais aussi en Asie Mineure, surtout dans les environs de Brousse et de Yeni-Chehir. Après la constitution de l’État bulgare s’opérèrent les migrations les plus nombreuses: en Thrace, en Macédoine et en Asie Mineure.Pendant et après les guerres balkaniques et surtout après le traité de Lausanne, 650 000 Turcs de Grèce partirent en Anatolie. Il y avait parmi eux des musulmans grécophones de Crète, albanophones d’Épire, valachophones de Thessalie et de Macédoine, slavophones de Macédoine. À côté de ces Turcs des Balkans, il ne faut pas oublier la masse des musulmans du Caucase (ils sont plusieurs centaines de milliers) réfugiés en Anatolie depuis la guerre du Caucase.Après 1945, 120 000 Turcs partirent de Yougoslavie pour la Turquie et, de 1950 à 1951, plus de 100 000 quittèrent également la Bulgarie. L’introduction des rapports capitalistes, les guerres successives du premier quart du XXe siècle et des réformes insuffisantes ont détruit l’équilibre des unités sociales de base turques qui vivaient en économie fermée, et ont provoqué un bond démographique renforcé par la neutralité de la Turquie au cours de la Seconde Guerre mondiale. Un énorme exode rural vers les grandes villes et le manque d’emploi dans celles-ci amena un courant d’émigration de main-d’œuvre vers l’Allemagne fédérale, la Belgique, les Pays-Bas, la France. En même temps, les Turcs découvraient à leur tour les chemins d’émigration des autres peuples balkaniques vers l’Amérique et l’Australie.Il reste, dans les années 1990, 820 000 Turcs en Bulgarie, localisés dans le district de Kirdjali et dans la Dobroudja, 77 000 en Macédoine et 90 000 en Grèce. D’autre part, 140 000 Turcs (face à 580 000 Grecs) vivent à Chypre, ancienne possession ottomane.
Encyclopédie Universelle. 2012.